Une antibiothérapie culinaire de choix : mangez du lapin
À la lecture du rapport 2007 de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), on reste pantois face aux chiffres affichés : les animaux d’élevage ont avalé pour la France 1 300 tonnes d’antibiotiques, soit 87 tonnes de plus que l’année précédente (nous ne disposons pas des chiffres de 2008). Curieux, puisque cette consommation aurait dû baisser depuis 2006, les éleveurs n’ayant plus droit légalement qu’aux antibiotiques destinés aux soins vétérinaires. Faut-il en déduire que les pauvres bêtes sont de plus en plus malades ?
Par exemple en 2007, les cochons ont englouti 8 % d’antibiotiques en plus qu’en 2006, alors que leur nombre n’a augmenté que de 0,7 %. Mais le record en la matière revient aux lapins : à eux seuls, ils ingurgitent plus de 10 % de l’ensemble des antibiotiques destinés à l’élevage industriel de tous les animaux. Pourtant, on ne peut pas dire que le lapin est au hit-parade de la consommation des viandards.
En clair, pour produire 1 kilo de lapin, il faut 7 fois plus d’antibiotiques que pour faire 1 kilo de porc, et 32 fois plus que pour 1 kilo de poulet… Il faut préciser que les lapins sont entassés jusqu’à 20 par mètre carré dans des clapiers, et sont passés des herbes folles et des carottes aux granulés industriels (« Soleil vert » spécial pour rongeurs), lesquels détraquent complètement leur flore intestinale. Bref, des lapins qui, pour ne pas trépasser avant terme, sont transformés en pharmacies à quatre pattes.
Conseil ducon futé (selon une recette du Canard enchaîné) : si vous contractez une maladie infectieuse, plutôt que d’aller chez le pharmacien, joignez l’utile et l’agréable : faites-vous un civet de lapin aux sulfamides, servi avec une sauce tétracycline sur fond de fluoroquinolone. Mhhhh ! c’est tellement bon… et ça soigne !
Ah, j’oubliais : n’hésitez pas à communiquer cette recette à votre « médecin-traiteur »…
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