Steelpan
Qui a fabriqué le premier steelpan? Il s’agit là d’une question réservée aux historiens du steelpan. Cependant, la théorie généralement acceptée est que l’idée ne fut pas celle d’un seul individu, mais celle de plusieurs personnes en même temps, ce qui n’est pas rare dans l‘histoire de la science ou de la technologie. Mais la thèse de l’inventeur solitaire n’est pas tout à fait sans fondement. Une chose est certaine, c’est que le ou les découvreurs –selon la terminologie accepté au XXIe siècle – provenaient d’un milieu pauvre économiquement, et étaient de souche africaine. De plus, on a réalisé que cette découverte, dès ses débuts, s’est rapidement propagée parmi les gens de la même couche sociale à travers l’île de Trinidad, et plus tard, au Tobago. Le steelpan fut par la suite mis au point par ses innombrables adeptes pour se transformer en l’instrument qu’on connaît aujourd’hui. À certains moments, il y eut quelques individus qui contribuèrent de façon significative à la structure, l’arrangement des notes, et le registre particulier des « voix » de ces instruments.
Vers le milieu des années 1970, à cause du manque de documentation significative utile dans les archives historiques, (lequel est dû en grande partie à l’absence de direction et d’institution culturelle responsable pour enregistrer ce type d’information dans les classes les plus dépourvues au niveau socio-économique, leur attention se portant sur des besoins beaucoup plus immédiats) on ne savait toujours pas clairement qui avait inventé le steelpan. Cette situation nuisait énormément à ceux qui s’étaient donné la responsabilité de faire un rapport sur la santé culturelle et l’héritage de la nation à son peuple. Pan Trinbago, la difficile coopérative de joueurs représentant les steelbands de Trinidad et Tobago, fut chargé de trouver la réponse. Après quelques consultations, ils répondirent avec la suggestion timide que Winston Spree Simon était fort probablement l’inventeur du steelpan, et ils avancent et soutiennent cette théorie depuis, même s’ils gardent un certain scepticisme face à l’hypothèse d’un unique inventeur. Ainsi, depuis le début des années 1980, Spree est présent dans les livres d’histoire, et le steeldrum a été déclaré instrument national officiel de Trinidad et Tobago en 1992.
Paralèllement à la naissance du nouvel instrument qu’était le steeldrum fut la création de formes musicales pouvant être jouées sur celui-ci : rythmique, à travers des simples mélodies non chromatiques et le chant, jusqu’au plein son polyphonique qu’on peut entendre aujourd’hui dans les Panoramas, par exemple. Les Panoramas de steelbands de Trinidad et Tobago représentent l’apogée de l’évolution du genre musical des steelbands à l’opposée de l’art populaire folklorique spécifique à ces îles qu’est le calypso.
Il est clair que les véritables racines de cette forme musicale proviennent de l’héritage culturel de nos ancêtres africains dispersés. Alors qu’en Amérique du Nord le blues, le gospel et le jazz sont devenus la voix exprimant la diaspora et la misère des Africains, comme la Samba au Brésil pour la communauté du même genre, le calypso et plus tard le reggae en fit autant pour les Caraïbes. À Trinidad en particulier, le calypso à ses débuts s’exprimait à travers le steelpan.