L’huile de Haarlem, ce remède ancien à redécouvrir
- Par vogot
- Le 27/03/2020
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Vous souvenez-vous ou avez-vous déjà entendu parler de l’huile de Haarlem, peut-être, alors que ce remède qui date du XVI ème siècle, est encore largement prescrit jusque dans les années 1900 ?
Confrontés aujourd’hui à une épidémie affectant particulièrement la sphère pulmonaire et responsable de réactions inflammatoires gravissimes, peut être aurait-on intérêt à s’inspirer de vieux remèdes prescrits pendant plusieurs centaines d’années.
Selon d’anciens documents, elle fût même agréée par la Sécurité sociale dans les années 1960.
Historique
Sa découverte par un chercheur alchimiste néerlandais Claes Tilly, maitre d'école, peut-être d'après un processus de fabrication d'Herman Boerhaave, vieille de 400 ans, a lieu aux Pays-Bas dans la ville de Haarlem, qui donnera sobrement son nom à cette préparation.
Elle a pour particularité d’apporter du soufre particulièrement bio-disponible pour l’organisme.
Le médecin Hermann Boerhave, également chimiste et botaniste et assez célèbre à son époque contribuera largement à en répandre l’usage dans toute l’Europe dès 1696.
Son usage est également diffusé dans le monde entier par les marins néerlandais qui en font un grand usage, car elle est peu onéreuse.
Au départ, plusieurs huiles de Haarlem sont créées, toujours en associant des huiles essentielles, des huiles végétales et du soufre : une seule fut conservée et diffusée largement en raison de ses bons résultats : celle associant l’essence de pin, l’huile de lin et le soufre.
De par son succès commercial, l'huile de Haarlem a connu beaucoup d'imitations. On alla jusqu'à copier les bouteilles et les étiquettes. L'histoire fait mention d'un produit utilisant le nom Waas Tilly, imitant Claes Tilly. C'est pourquoi au XVIIIe siècle les héritiers de Tilly ont introduit le nom d'Oprechte Haarlemmerolie (Véritable huile de Haarlem) et pourvu les étiquettes d'une signature secrète.
Sa licence exclusive de fabrication est acquise en 1924 par un laboratoire français, le laboratoire Thomas.
Par la suite, le Dr Lefévre, gendre du fondateur du laboratoire Thomas, procédera aux premiers travaux scientifiques autour de l’huile de Haarlem.
Le laboratoire Lefèvre est aujourd’hui encore détenteur de la licence de fabrication de l’huile de Haarlem.
Dans les années 1980-1990, les études apportèrent la preuve de l’exceptionnelle biodisponibilité de soufre non oxydé présent dans l’huile de Haarlem, contrairement au soufre minéral dont la disponibilité est très faible.
Le soufre : un élément essentiel
Le soufre n’a pas toujours bonne presse. Dans le langage courant, avoir une réputation sulfureuse n’est pas précisément un compliment.
Le soufre occupe pourtant un rôle central dans le fonctionnement de la cellule, notamment dans son métabolisme énergétique.
C’est le composant principal des acides aminés soufrés (méthionine ou cystéine), mais il entre également dans la composition de l’insuline, des tendons, de l’acide sulfo chondroitique des cartilages, de la thiamine (vitamine B1), des enzymes de détoxification comme le gluthation, des antioxydantes comme la super oxyde dismutase…etc.
Anétholtrithione
On a identifié comme substance active de l'huile de Haarlem le composant anétholtritione.
L'anétholtrithione présente quelques effets cholinergiques, et améliore entre autres la sécrétion salivaire. Pour cette raison il est surtout utilisé contre la "gueule de bois".
Le terme cholinergique fait référence à tout agent qui stimule ou simule l'action de l'acétylcholine. Il s'applique également aux fibres nerveuses qui activent l'acétylcholine, un neurotransmetteur qui joue un rôle important aussi bien dans le système nerveux central, où elle est impliquée dans la mémoire et l'apprentissage, que dans le système nerveux périphérique, notamment dans l'activité musculaire et les fonctions végétatives.
L'insuffisance de salivation (xérostomie) est un effet secondaire de beaucoup de médicaments psychotropes et des tranquillisants, et peut être la suite d'une intervention chirurgicale pratiquée dans le larynx. À son tour, l'insuffisance de salivation peut causer une accélération du développement de caries. Ainsi, on a rapporté quelques dizaines de recherches sur l'anétholtrithione et son effet salivant dans l'Index Medicus et l'Index Dental Literature.
Sur le Web, on trouve plusieurs recherches en cours sur les applications possibles de l'anétholtrithione dans la Chine et le Japon, pays producteurs de l'anis étoilé, riche en anéthole, le précurseur chimique d'anétholtrithione.
Huile de Haarlem et toxines
On sait aussi que l'huile de Haarlem favorise l’élimination des toxines et la chasse biliaire.
Les propriétés détoxifiantes d’une plante comme le radis noir sont bel et bien liées à leur richesse naturelle en souffre.
Son rôle structurel dans les os et les cartilages le fait traditionnellement conseiller dans toutes les manifestations rhumatismales, inflammatoires ou non.
Les cures thermales réputées pour les douleurs articulaires sont d’ailleurs celles exploitant une source d’eau soufrée, à l’odeur particulièrement incommodante…
Elle est également réputée pour améliorer les manifestations allergiques, les infections ORL chroniques et les affections respiratoires créatrices de nombreuses mucosités comme l’asthme ou la bronchite.
L'huile de Haarlem n’est pas inscrite comme médicament.
Une association complémentaire
Dans l’huile de Haarlem, le soufre est associé (et même transformé grâce) à l’huile essentielle de térébenthine de pin, aux vertus démontrées sur les affections respiratoires. Ses terpènes sont dotés de propriétés anti-inflammatoires, antiseptiques, expectorantes et stimulantes.
Enfin, dernier composant de l’huile de Haarlem, l’huile végétale de lin, particulièrement riche en acides gras omégas 3, dont les propriétés anti inflammatoires ne sont plus à démontrer.
Quelles sont ses utilisations?
A l’origine, elle est particulièrement réputée pour son action sur les calculs urinaires et biliaires, mais aussi pour son action généralement détoxifiante sur le système digestif.
Tous les problèmes digestifs, (ballonnements, mauvaise haleine, nausées, migraines…) sont réputés être améliorés par la prise d’huile de Haarlem.
Même les parasitoses intestinales (oxyures, ascaris ou amibes) font partie des indications fréquentes.
A l'époque on lui donne également une indication particulièrement marquée pour les troubles rhumatismaux divers.
Elle est bien sur conseillée en cas d’infections des voies urinaires, mais aussi de bronchites et d’état grippaux.
A l’époque de l’épidémie de grippe espagnole, elle était couramment prescrite.
Le poète Apollinaire, mort de la grippe espagnole, aurait refusé d’en prendre, de même qu’un de ses compagnons.
Sur les 72 malades présents avec eux, les 70 autres furent guéris.
Difficile aujourd’hui de faire la part entre réalité et légende, mais il est effectivement probable que l’association des propriétés anti inflammatoire, expectorante, mucolytique et antiseptique réunies par ses trois composants pouvait être particulièrement favorable aux malades infectés.
Usages pratiques de l’huile de Haarlem
Elle est disponible en capsules gastro-résistantes et généralement préconisée à raison de 1 à 2 capsules par jour pendant 3 semaines pour son action sur les troubles rhumatismaux et les affections ORL chroniques.
En prévention pour renforcer un terrain sensible, 1 capsule par jour est suffisante.
Les capsules sont à prendre de préférence avant le repas du soir, avec un grand verre d’eau.
De légères réactions digestives (ballonnements notamment) ne sont pas rares lors des premières prises mais s’estomperont rapidement.
En cas de système digestif fragile (lenteurs digestives, calculs biliaires…), commencez par une demi dose et demandez conseil à un thérapeute avant toute complémentation.
Je vous déconseille l'usage de l'huile de Haarlem en cas de calculs biliaires de taille importante.
Son utilisation pluri-centennaire n’a pas noté d’effets secondaires ou contre-indication particulière, mais elle est évidement contre indiquée en cas d’allergie au soufre.
Par mesure de prudence, elle est déconseillée aux femmes enceintes ou allaitantes.
En raison de la présence d’huile de lin, prudence en cas d’antécédent de cancers hormonaux dépendants.
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