Le froid arrive, réglez votre thermostat interne
Comment expliquer que certains d’entre-nous supportent facilement la brusque baisse des températures qui annonce l’hiver, alors que d’autres ne peuvent pas s’empêcher de grelotter, quel que soit le nombre de pulls qu’ils ont enfilés ?
La différence entre les uns et les autres tient à une combinaison d’éléments : une alimentation carencée en acides gras saturés, une flore intestinale en mauvais état, une transmission incorrecte des « messages » du froid à l’hypophyse ou à la thyroïde, un foie trop sollicité… Quelques remèdes simples à base de plantes peuvent aisément rétablir la régulation thermique de votre organisme.
Chez les vertébrés, on sait que les mécanismes de régulation de la température sont liés à une sorte de thermostat situé dans l’hypothalamus. Si ce dernier intègre des paramètres de température qui sont, à eux seuls, capables d’une première régulation, il tient aussi compte de la température extérieure du corps, via des récepteurs sur la peau. Si besoin, ce thermostat déclenchera des ordres de production de calories ou de régulation de la température.
Mais ces ordres de régulation peuvent également varier dans la journée, en fonction de l’activité musculaire, du travail digestif ou d’informations venant du système immunitaire… C’est dire la complexité du mécanisme qui doit se mettre en marche pour éviter d’attraper froid !
Quelques notions fort simples, et quelques attitudes aideront ce thermostat dans son travail d’adaptation.
Apporter du bon gras
Chez les animaux à sang chaud qui doivent faire face à l’arrivée du froid de l’hiver, on constate une mise en réserve de nutriments, essentiellement sous forme de lipides.
Les lipides ont en effet un double rôle : ils apportent d’abord une énergique protection contre le froid (une couche graisseuse sous cutanée sera parfois plus efficace qu’une fourrure), et ils constituent ensuite une importante réserve en calories, à la fois rapidement disponible et sous une forme très concentrée.
Chez l’homme, dès que des signes de refroidissement de l’air sont là et se confirment sur une semaine à dix jours, la thyroïde enregistrera sans aucun doute un tel signal et modèrera son activité. En conséquence, les réserves lipidiques auront tendance à s’accentuer. Ce réflexe naturel de mise en réserve est contrecarré par de nombreuses considérations « culturelles ».
Ainsi, la lutte obsessionnelle contre la prise de poids, la peur du cholestérol et des radicaux libres amènent beaucoup d’entre-nous à faire de mauvais choix alimentaires en période de froid. On proscrit les lipides pour ne pas grossir ou pour se prémunir du cholestérol, on ne jure plus que par les piégeurs de radicaux libres que sont les acides gras insaturés.
Mais, à l’approche de l’automne et de l’hiver, il faut absolument orienter nos choix vers des huiles contenant aussi des acides gras saturés. Comme ils sont rares dans le monde végétal, on pourra faire appel au beurre pour son apport en acides gras saturés et en vitamines. Il y a aussi les huiles d’olive et de tournesol qui sont riches en acides gras monosaturés. Mais à la condition expresse de s’assurer que ce sont des huiles obtenues par première pression à froid et de qualité biologique.
Veiller à l’hygiène intestinale
Le tube digestif est une lumière dans notre organisme. C’est en d’autres termes une partie externe qui est à l’intérieur. Si je mange un caillou ou un noyau de fruit, il restera dans le tube digestif et ne sera pas assimilé. Il restera extérieur à mon milieu intérieur. Cet « extérieur à l’intérieur » du fait de la présence d’une flore intestinale, est très surveillé par notre système immunitaire. Et si l’on veut maintenir notre système immunitaire au meilleur de sa forme, une clé essentielle est la stabilité de cette flore.
On veillera à manger des aliments riches en fibres, comme les légumes feuilles et les racines, abondants en cette période d’automne, et on pourra favoriser des légumes lacto-fermentés, qui participeront du même coup à l’équilibre de la flore.
Stimuler l’hypophyse
Nous disposons en Europe d’une plante digne des meilleurs classements contre les réactions immunitaires excessives : le cassis (Ribes nigrum).
On récolte pour cela les bourgeons de cet arbrisseau pour en préparer des macérats glycérinés. Une cure apporte, en plus d’une stimulation immunitaire et d’un effet fortifiant, une augmentation de la capacité du corps à la lutte contre le froid.
Certains phytothérapeutes classent le cassis parmi les plantes adaptogènes et expliquent cet effet thermorégulateur par une stimulation de l’hypophyse. On utilisera le macérat glycériné 1D, à raison de 30 gouttes chaque matin pendant vingt jours.
Mieux résister au froid
Bien sûr, en phytothérapie, la reine des plantes pour favoriser une bonne adaptation au froid est l’Astragale (Astragalus membranaceus).
Originaire de Chine, et surtout utilisée en médecine traditionnelle chinoise, cette plante, d’après les Orientaux, stimule la circulation énergétique de surface. Entendez par là qu’elle agira sur la capacité de la peau à s’adapter au froid extérieur. Ce qui est étonnant, c’est l’usage traditionnel que font les Chinois de cette plante. Ils découpent la racine dans sa longueur en lanières fines et larges et la sucent fortement après l’avoir plongée dans un liquide chaud, thé ou tisane. C’est ainsi une source originale d’apport en fibres, en plus des principes fortifiants, toniques du foie et de l’immunité.
Chez nous, une à trois gélules de cette plante ou une infusion d’un bon quart d’heure d’une cuillère à café de racines coupées nous permettront d’obtenir un résultat équivalent.
N’hésitez pas à faire l’expérience étonnante d’une cure de cette plante si vous avez une tendance à la frilosité, à être sensible au moindre courant d’air ou si vous travaillez dans un milieu professionnel où les amplitudes de température sont importantes. En plus de son effet sur la résistance au froid, elle agit sur les fonctions hépatiques et immunitaires. On la recommande actuellement, et de plus en plus, chez des personnes sous traitement médical lourd tel que la chimiothérapie. C’est l’usage principal qui en est fait aux États-Unis où elle est maintenant cultivée à grande échelle.
Toujours en Amérique du Nord, l’échinacéa (Echinacea purpurea) a depuis toujours été utilisée par les tribus natives pour stimuler les défenses du corps.
Aujourd’hui, on la recommande comme préventive des rhumes et des affections ORL plus généralement. Une cure de deux gélules par jour, 10 à 15 jours par mois pendant toute la période hivernale sera un très bon préventif des refroidissements. On pourra la conseiller sans aucun souci chez les enfants, mais une cure de 10 jours par mois sera amplement suffisante à hauteur d’une gélule quotidienne.
Équilibrer les énergies du corps
Ce sont aussi les Chinois qui nous ont fait connaître il y a déjà plus de 10 ans une autre plante aux vertus tout aussi utiles devant la gestion du froid : la périlla (Perilla frutescens). Cultivée chez nous comme plante ornementale, la périlla est utilisée traditionnellement en Chine, mais aussi dans nombre d’autres pays du Sud-Est asiatique pour ses vertus médicinales. Les feuilles séchées, en plus des allergies, soignent les problèmes ORL, notamment les rhumes, mais aussi la grippe. Les herboristes chinois décrivent cette plante comme équilibrante des énergies du corps et la recommandent comme remède échauffant. Encore mal connue en Occident, il est, pour le moment, impossible de se procurer en pharmacie des gélules de la précieuse huile de périlla. Cette plante fera certainement bientôt son entrée en force chez nous, sous forme de feuilles séchées ou d’extraits huileux.
Dans l’urgence d’un refroidissement
Trois plantes doivent être présentes dans une trousse d’herboristerie d’urgence : le thym, la cannelle et la fleur de sureau. Ces trois plantes peuvent être associées, en infusion de 10 minutes, à hauteur d’une cuillerée à café de chacune pour un demi-litre d’eau. On boira aisément un litre de cette boisson dès qu’un rhume dû à un coup de froid fera son apparition.
Tonique immunitaire, ce mélange apportera une réaction de chaleur et évitera un refroidissement. Il entraînera au contraire un effet sudorifique et diurétique en cas de fièvre défensive consécutive à ce refroidissement.
Réchauffer le foie
Le foie est un organe qui présente une température plus élevée que la moyenne du corps. Il peut même atteindre 40°C, température adaptée à ses fonctions physiologiques.
Rudolf Steiner a vu dans le romarin (Rosmarinus officinalis) une plante calorique apte à stimuler les fonctions hépatiques. Son habitat, sa prédilection pour l’ensoleillement et la forme de ses feuilles concentrées en principes aromatiques élaborés par le rayonnement solaire ont été à la base de cette observation qui s’est vérifiée dans la pratique.
Pour une cure de romarin : faire infuser pendant dix minutes deux grosses pincées de feuilles de romarin. Opter de préférence pour des feuilles sèches car elles libèrent plus facilement leurs principes actifs que lorsqu’elles sont fraîches. Prendre un bol le matin et un bol à midi pendant vingt et un jours en début d’automne.
Le refroidissement humide
On fera appel à la théorie des signatures pour expliquer l’intérêt de l’écorce de saule et de la reine des prés. On dit en effet que ces deux plantes poussent les pieds dans l’eau et qu’elles sont utiles contre les refroidissements consécutifs à un contact avec l’eau.
On veillera à ne pas faire bouillir les sommités fleuries de reine des prés, mais à laisser infuser environ 10 minutes une bonne poignée pour un litre d’eau que l’on boira tout au long de la journée.
Protéger la peau
N’oublions pas que pendant l’hiver de nombreuses personnes peuvent être victimes de gerçures et de fragilités de peau. En complément des conseils donnés au début de cet article sur le rôle des lipides, on pourra recourir à l’huile de jojoba, pure ou additionnée d’un peu d’essence de niaouli ou de géranium en application externe.
Le jojoba est appelé couramment la cire végétale. Très peu pénétrante, cette huile grasse joue surtout un rôle protecteur et l’on peut l’appliquer sur tout le corps : mains, visage, cheveux et lèvres.
En cuisine... les épices
Une autre approche des plantes médicinales agissant par leurs principes aromatiques, est leur utilisation en cuisine.
Beaucoup de plantes à vocation d’épices et riches en huiles essentielles doivent leurs vertus médicinales à la présence de ces principes aromatiques. C’est le cas de la sarriette et de l’origan.
Utilisées en cuisine dans les ragoûts ou les soupes, elles éviteront des complications intestinales tout en stimulant la capacité du corps à faire face au froid extérieur en hiver.
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