Enzymes digestives : une autre énergie vitale
Les enzymes accélèrent tous les phénomènes biologiques qui se produisent dans nos organismes. Elles fonctionnent comme des piles qui donnent l’élan à la vie et maintiennent les rythmes vitaux. Mais ces réserves d’énergie ne sont pas inépuisables. Pour préserver leur potentiel, il faudra les soutenir et faciliter leur tâche.
Le corps humain contient des milliers d’enzymes. Dans toutes les cellules de notre corps se jouent des processus enzymatiques à la fois infimes et essentiels. Qu’un seul élément manque, et c’est toute une cascade de réactions biochimiques qui s’en trouvent perturbées. Ces enzymes sont partout à la fois. Elles interviennent dans le transport des éléments, dans la respiration, dans tous les processus de transformation. C’est par l’action des enzymes que l’énergie de la nourriture est transmise aux muscles, aux nerfs et aux organes vitaux. Certaines enzymes ont pour fonction de prévenir la maladie et de réduire l’inflammation en cas de blessures (la fièvre est le mécanisme naturel qui permet d’augmenter l’activité des enzymes). Malgré leur étonnante diversité, toutes les enzymes ont pour fonction d’accélérer les réactions chimiques qui, autrement, se produiraient très lentement, voire pas du tout. Saviez-vous qu’une réaction qui se produit en une seconde en présence d’une enzyme mettrait 12 jours en son absence, un million de fois mois vite ! L’enzyme doit son activité à un principe vital et c’est ce principe vital énergétique qui anime tout ce qui est vivant et qui détermine la durée de vie potentielle d’un individu. En d’autres termes, sa longévité.
Les enzymes : des activateurs d’énergie
La découverte des enzymes, entre les années 20 et les années 50, fut un moment clé de l’histoire de la biologie. Les connaissances scientifiques dans ce domaine n’ont cessé de progresser et elles semblent immenses car on en a isolé et analysé plus de 3000. Les enzymes sont présentes aujourd’hui dans de nombreux secteurs économiques car elles constituent des outils biochimiques de premier choix dans des domaines aussi divers que le traitement des papiers et des peaux, la production industrielle de sucre à partir de maïs, l’amélioration de l’efficacité des lessives (les célèbres « enzymes gloutons » !), les médicaments, les réactifs pour la médecine… Mais depuis leur découverte, les chercheurs et les laboratoires se sont davantage intéressés à la présence ou à l’absence des enzymes qu’à leur potentiel d’énergie. Un peu comme si je vous disais qu’un aquarium après ébullition est toujours le même car les poissons sont encore là, et parce que les plantes n’ont pas perdu un seul gramme de constituants. N’empêche, la vie et l’énergie, elles, ont disparu.
Enzymes digestives
Habituellement, quand on parle d’enzymes, on pense au mécanisme de la digestion. De nombreuses raisons expliquent notre intérêt pour elles. Tout d’abord, ce sont les enzymes digestives qui ont été découvertes en premier. Les enzymes digestives sont aussi celles qui consomment et monopolisent le plus d’énergie. Leur carence ou leur insuffisance de sécrétion entraîne beaucoup de pathologies, davantage que pour d’autres systèmes dans le corps. Pour pouvoir bien digérer nos aliments, notre organisme fabrique donc des enzymes. Or, de nombreuses études, dont celle pionnière du Dr Pottenger ont montré que c’est sur notre capital santé qu’est prélevée cette capacité sécrétoire. N’oublions pas que les enzymes sont des activateurs énergétiques. C’est en fait dans un capital qui n’est peut-être ni épuisable ni renouvelable qu’est prélevée cette dose de vitalité. En phytothérapie, deux options s’offrent à nous.
Les chats du docteur Pottenger
Dans les années 1930, un chercheur original, le Dr Pottenger a réalisé des études sur des chats pour mieux approcher les lois de la nutrition. Pendant dix ans, il a scrupuleusement suivi quatre populations de chats sur quatre générations, soit un total d’environ 10 ans d’étude. Le premier groupe de chats fut nourri de lait cru et viande crue, le second et le troisième respectivement de lait cru et viande cuisinée, et de lait pasteurisé et viande crue. Enfin le quatrième groupe reçut lait pasteurisé et viande cuisinée. Son expérience dut s’arrêter au bout de 10 ans, car dans le quatrième groupe, à la quatrième génération de chats, les individus n’étaient pas viables. Le Dr Pottenger en conclut à l’époque qu’il devait exister dans l’alimentation un facteur nutritionnel « thermolabile », c’est-à-dire sensible à la température. A cette époque, les enzymes étaient peu étudiées et ses travaux passèrent inaperçus. Ce n’est que plus tard que l’on s’aperçut qu’il avait pressenti le rôle des enzymes dans le maintien de la santé. Si ces travaux méritent une relecture, ils ont néanmoins le mérite de prouver de façon directe que la cuisson des aliments nuit à la valeur nutritionnelle des enzymes.
Des enzymes végétales au repas
La première solution consiste à apporter à l’organisme lors de la phase digestive les enzymes d’origine végétale qui lui font défaut. Certains fruits permettent de répondre à cette approche. La papaye et l’ananas sont deux plantes connues pour leur richesse en enzymes protéolytiques. L’ananas contient de la bromélaïne, surtout dans sa tige, qui a la capacité de digérer jusqu’à 1000 fois son poids de protéines. La bromélaïne est très proche de la chymopapaïne, que l’on rencontre dans le fruit du papayer. Mais c’est surtout devant des pathologies rhumatismales, ou l’artériosclérose que ces deux plantes présentes les meilleurs effets. On a également découvert des principes enzymatiques dans diverses espèces de champignons et de moisissures, qui font l’objet de cultures et d’extractions par des laboratoires pharmaceutiques. Si certains s’étonnent de la diversité des enzymes que l’on peut rencontrer dans le règne un peu particulier des champignons, je trouve pour ma part que ce n’est qu’une simple logique naturelle… Les champignons et les moisissures dégradent dans la nature les matières organiques, animales ou végétales. Ils font finalement au grand jour ou à l’ombre ce que nos enzymes font dans notre tube digestif : un processus de dégradation et de lyse. Enfin, d’une façon générale retenons que les fruits sont riches de molécules qu’on pourrait qualifier de « pré-enzymes ». Un fruit en début de repas est donc le bienvenu.
Soulager le processus enzymatique
La deuxième solution consiste à recommander une diversité de compléments nutritionnels d’origine végétale qui interviendront dans le processus digestif. Comment peut-on aider, par les plantes médicinales, l’activité de nos enzymes digestifs ? La première réponse est assez déroutante puisqu’elle consiste à vérifier que l’hydratation du corps soit suffisante.
En d’autres termes, pensez à boire au moins un petit peu pendant le repas, d’autant plus si le bol alimentaire est dense et peu hydraté. Les enzymes ont en effet besoin d’être baignés dans un milieu aqueux pour pouvoir faire leur travail. Ne dit-on pas que l’eau c’est la vie ?
Tonifier le foie
Si l’eau est si importante, on peut joindre l’utile à l’agréable en préparant des infusions à l’aide de plantes bonnes à boire et toniques de l’activité digestive comme la chicorée, le pissenlit, la réglisse ou l’astragale. En agissant sur le foie mais surtout sur la sécrétion stomacale, de telles plantes activeront les mécanismes de production enzymatique, qui contiennent ces précieuses plantes. C’est aussi le cas des graines aromatiques telles l’anis, l’angélique, le fenouil, le cumin ou le carvi. Ces dernières sont appelées les « carminatives » en raison de leur action sur les fermentations intestinales. En agissant par un effet modérateur sur certaines souches de ferments, ces plantes favorisent une meilleure assimilation des nutriments et un meilleur fonctionnement général de l’activité digestive.
Retrouvez là aussi plusieurs de ces plantes dans une tisane digestive
Le boldo et le chrysanthellum sont, elles aussi deux plantes réputées pour leur action tonique sur le foie et leurs vertus digestives. Ce sont leurs principes amers qui favorisent le travail hépatique et augmentent la sécrétion biliaire. Ces deux plantes sont employées pour les mêmes indications alors qu’elles sont issues pourtant de continents et de cultures fort éloignés : le boldo est originaire d’Amérique du Sud, et le chrysanthellum d’Afrique de l’Ouest. Elles sont toutes les deux utilisées traditionnellement dans ces pays avec les mêmes indications que chez nous. Le boldo est utilisé dans ce but dans une tisane «transit», le chrysanthellum est lui, disponible, sous forme de gélules. Certaines plantes ont un goût encore plus amer. On pensera dans ce cas à prendre un grand verre d’eau, qu’elle soit de source ou osmosée, pour entraîner un milieu aqueux conséquent. On choisira sous cette forme le baccharis ou le chardon Marie.
Réguler le pancréas
Cibler le foie avec des plantes dites cholagogues (qui facilitent l’évacuation de la bile) ou cholérétiques (qui augmentent la sécrétion de la bile) peut aussi se compléter avec des plantes qui agissent sur le pancréas. Ce sont essentiellement le baccharis et la feuille de noyer. Cette dernière est connue chez le diabétique pour son effet régulateur de la fonction exocrine (qui sécrète vers l’extérieur) de cet organe double. Le noyer est souvent un régulateur de l’activité digestive par son action combinée sur le foie et le pancréas. Difficile d’emploi toute seule, la feuille de noyer joue ce rôle dans une tisane « assimilation ».
Entretenir la flore intestinale
On connaît aussi le rôle des plantes à fibres sur la flore intestinale. Si elles sont indigestes pour nous, certaines fibres constituent une base nutritionnelle pour certains ferments digestifs qui participent à l’assimilation intestinale. Notre flore serait une sorte de deuxième réserve d’enzymes digestifs. Et donc une symbiose qu’il nous faut entretenir avec soin.
D’autres voies de recherche
On pourrait imaginer que des plantes pourraient avoir un effet équilibrant encore plus global sur l’activité digestive, en se présentant en quelque sorte comme des adaptogènes de la fonction enzymatique digestive. Ce serait une nouvelle voie de recherche puisque jamais cette orientation n’a été prise : un bon exemple de départ est la griffe du chat, connue pour son action sur le système immunitaire, et qui agit profondément sur certaines pathologies digestives.
La griffe du chat fortifie la muqueuse digestive et calme les inflammations même sévères : on la recommande notamment face à la recto-colite hémorragique ou la maladie de Crohn. Il serait intéressant de voir si les fibres qui constituent la majeure partie de la poudre utilisée en gélules participent à la sécrétion enzymatique.
La diète
Si notre sécrétion enzymatique est économisée, on l’a vu plus haut, c’est au bénéfice de notre santé générale. Et c’est du même coup un facteur de longévité. On peut alors attendre encore plus de la phytothérapie : une personne qui voudra favoriser une mise au repos de son corps et de son organisme complet verra dans les plantes une aide pour une diète du système digestif et un repos de l’activité nerveuse. Chez l’homme, le côté affectif et psychologique du lien à la nourriture est très fort. Hippocrate avait déjà entraperçu cette logique quand il conseillait devant une maladie « de vider le ventre et de vider la tête ». Certaines plantes réputées utiles pour le foie ou la digestion peuvent être utilisées pour leurs vertus modératrices des sécrétions digestives. Notre tube digestif possède des capteurs qui avertissent par voie nerveuse réflexe le besoin de sécréter des enzymes. Ces centres réflexes sont souvent auto-stimulés aux heures habituelles des repas.
L’aspérule, la marjolaine l’angélique, à doses modérées, favoriseront une modération de ces centres nerveux si l’on décide de jeûner. Une infusion légère de l’une de ces trois plantes, ou une association des trois à parts égales, calmera une faim passagère. C’est ce qui explique mon choix de les intégrer dans une tisane « jeûne». D’autres plantes auront un effet plus puissant de par leurs propriétés ciblées sur le système nerveux central : ce sera essentiellement le kudzu, qui est un décontractant et un modérateur des pics nerveux, utilisé face aux crises de manque chez les personnes en sevrage de drogue, et qui en plus apporte du leste dans le tube digestif. Son emploi sous forme de gélules est très simple. La rhodiola, de par ses effets antistress et décontractant, mais aussi la griffonia, modératrice de la boulimie et des réactions nerveuses qui en sont la cause, pourront être utilisées à bon escient suivant cette logique.
La phytothérapie pour jeûner et se rééquilibrer
Un vendredi soir, après une semaine où l’équilibre alimentaire n’a pas forcément été une priorité, vous décider de jeûner. Une occasion pour éliminer quelques excès, mais aussi une opportunité pour votre organisme de remettre les pendules à l’heure. Car le repos organique est suivi d’un rééquilibrage des fonctions naturelles : sommeil, bien-être, mais aussi performance sportive et activité sexuelle. Poursuivi sur une journée, il se double souvent d’une baisse tangible de l’appétit et des besoins en produits excitants dans les jours qui suivent. Une tisane « jeûne » pourra compléter utilement avec quelques gélules de rhodiola, de kudzu et de griffonia. Un complexe qui a déjà fait ses preuves.
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