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Le réveil des sens

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Musicothérapie et autisme

Introduction

La musicothérapie utilise un large amalgame d'outils d'intervention recoupant les approches en psychologie, la théorie et la pratique musicale, la connaissance des clientèles et du développement humain.

Comment composer avec toutes ces informations afin d'améliorer la qualité de vie d'une clientèle pour qui la communication, l'imagination et les difficultés sensorielles se développent différemment du reste de la population en générale?

En effet, rares sont les cas d'autisme pur; le diagnostic de trouble envahissant du développement se présente sous différents profils qui nous amènent à considérer des déficits variés du langage, de la théorie de l'esprit, de troubles d'attachement, de difficultés motrices ou sensorielles. Cet article amènera le lecteur à considérer plusieurs perspectives d'intervention tout en gardant un cadre aux couleurs de fond essentiellement humanistes.

Contexte théorique

La musicothérapie est un mode d'intervention holistique. En effet, elle permet de cibler les besoins de la personne rencontrée dans son entièreté, tant sur le plan moteur, sensoriel, cognitif, relationnel, social et émotif. Le propre de la musicothérapie est sa malléabilité; la culture et les différentes approches psychologiques viendront teinter l'intervention du thérapeute.

Par conséquent, et dans cette perspective, le thérapeute doit être constamment à l'affût du message qu'il envoie ou qu'il projette autant que de celui qu'il reçoit. Plus spécifiquement, je travaille avec l'initiative et la créativité du patient. La responsabilité du thérapeute est d'être à l'écoute du mode d'expression pure du client afin de pouvoir s'y mouler et y greffer ses propres réponses.

Par ce concept, on entend qu'en chaque individu il existe une entité sensible à l'expérience musicale, qui s'y engage et y trouve un sens qui se rattache à un vécu passé ou présent et ce, en prenant part à l'expression musicale.

En tant que thérapeute, je travaille avec le matériel brut du client qui est son expression créative exprimée lors de chaque rencontre et c'est là que l'on peut rejoindre la philosophie de Rogers, qui mise sur le potentiel du client.

Pour Rogers, le libre choix qui émerge d'un processus créatif est fondamental dans le développement de la conscience de soi, appelée « self ». La motivation devient alors le moteur qui pousse l'individu à s'affirmer et à aller de l'avant, peu importe sa condition.

Différentes approches

Ainsi, il est essentiel de garder une ouverture à tous les niveaux, tant sur le plan musical que psychologique. Une bonne connaissance des différents courants psychologiques et musicaux rendra l'intervention en musicothérapie plus solide. En considérant que plusieurs approches ont fait leurs preuves auprès de la clientèle, il n'en demeure pas moins qu'une vision phénoménologique en musicothérapie permet à la personne de se réapproprier son potentiel expressif.

  • Psycho-dynamique

De fait, les approches psycho-dynamiques ont une influence importante en musicothérapie. Le travail de Freud sur l'inconscient joue un rôle crucial, surtout lorsque l'on travaille avec l'imaginaire.

Par conséquent, les approches jungienne et gestaltiste, qui se situent entre la psycho-dynamique et l'humanisme, offrent, entre autres, des outils concrets qui favorisent le dialogue avec ce monde imaginaire et symbolique.

Par différents jeux de rôles, le patient peut exprimer ses émotions dans un cadre non menaçant et par le fait même, contourner ou apprivoiser certains mécanismes de défense nécessaires à la survie de l'identité de l'individu. Le jeu symbolique offre à la personne une distance par rapport à l'émotion exprimée, ainsi qu'un cadre de référence beaucoup plus large que son propre vécu.

Malgré cette distance, la personne demeure dans l'instant présent et l'affect exprimé s'inscrit dans le  « ici et maintenant ».

Parmi cette clientèle, on rencontre parfois des enfants pour qui l'imaginaire occupe étonnamment un espace très important. Lorsque l'on rencontre cette catégorie d'enfants, on constate que leurs improvisations musicales sont empreintes de leur vie fantasmatique.

L'objectif du plan d'intervention les concernant s'oriente alors vers la distinction entre le réel et l'imaginaire. On remarque que permettre à l'enfant de canaliser son expression imaginative dans un cadre spécifique peut l'amener graduellement à distinguer le réel et l'imaginaire au quotidien. C'est ici que le terme de « guide » prend tout son sens pour le thérapeute.

Ce mode d'expression libre amène l'enfant dans des zones parfois très chaotiques et c'est à nous d'identifier les zones de confort, les repères concrets où l'enfant peut se réfugier et graduellement ramener à la conscience les éléments qui forment son identité. Cette notion sera reprise plus loin.

  • Cognitivo-comportementale

Dans un milieu de réadaptation, les approches cognitivo -comportementales font généralement partie intégrante de la philosophie d'intervention. L’encadrement concret et pratique qu'offrent ces approches apporte une base solide et incontournable à l'intervention thérapeutique.

De fait, en musicothérapie, un enfant à qui on fournit une structure précise sur le plan de l'horaire et des consignes de base pourra plus librement explorer son monde imaginaire ou expressif dans une relation de confiance et par le fait même élargir graduellement son cadre relationnel. Les chansons d'accueil et d'au revoir en sont un bon exemple.

Elles offrent un repère spécifique temporel et conditionnent ainsi l'enfant à offrir une réponse musicale qui s'élaborera au cours des séances.

  • Constructiviste

Néanmoins, lors d'une première rencontre en musicothérapie, il est intéressant de laisser émerger l'expression spontanée du patient. Tout le processus thérapeutique en dépend et en découle.

Les thérapeutes évaluent systématiquement une personne dans tous les paramètres de son expression musicale, en lui demandant de faire des exercices dirigés de toutes catégories (instrumental, corporel ou vocal), mais encore davantage en favorisant la prise d'initiative dans le choix des activités musicales ainsi que la façon d'aborder l'improvisation musicale.

Cette manière de faire est à la fois souple et offre aussi une prise en charge implicite du client dans son propre processus thérapeutique.

Pour certains enfants, l'horaire et les activités plus structurés favoriseront l'émergence de leur créativité. Par contre, pour d'autres, c'est la souplesse du cadre qui leur permettra de s'épanouir. C'est donc au thérapeute de s'ajuster et d'adopter un mode d'intervention adéquat qui va dans un sens ou dans l'autre, selon le développement du processus thérapeutique de l'individu.

L'approche constructiviste a pris son essor en réaction au béhaviorisme qui limitait les apprentissages à l'association stimulus-réponse. Piaget a développé une théorie du développement de l'intelligence en plaçant le sujet au cœur du processus.

Il insiste sur le processus d'assimilation où les nouvelles connaissances s'inscrivent dans une structure cognitive déjà en place. Ensuite, le processus d'accommodation permettra une transformation des activités cognitives afin de s'adapter à de nouvelles situations et de se développer vers un processus d'équilibration (qui sous-entend l'autorégulation et ramène l'individu à reproduire la boucle des trois schèmes d'adaptation).

C'est donc à partir des représentations internes, que l'individu a déjà, qu'il élabore sa compréhension de nouvelles informations.

Par exemple, selon Piaget, l'acquisition du langage suppose la formation de l'intelligence sensori-motrice (Guirado cite Piaget, 1993).

  • Conception neurologique de la psychothérapie

De façon générale, il est intéressant de pouvoir valider le travail de la musicothérapie par les découvertes des neurosciences. Chez la clientèle présentant un trouble envahissant du développement, la connaissance neurologique permet à l'intervenant d'adopter un regard plus objectif et mieux orienté vers les besoins du patient.

De plus, les troubles d'intégration sensorielle, amènent à considérer l'importance du traitement de l'information sensorielle comme porte d'entrée à tout apprentissage. Le médium musical, de par le fait qu'il active plusieurs zones sensorielles ainsi qu'émotionnelles (entre autres au niveau de l'amygdale), est en accord avec la recherche actuelle en neurosciences qui préconise une interconnexion des zones cérébrales dans l'exécution d'une tâche.

La recherche démontre donc que plus il y a de zones corticales stimulées, plus il y aura d'impact sur les apprentissages. De plus, il est clairement démontré aujourd'hui que la rétention d'une information est fortement influencée par l'émotion qui s'y rattache. La musique en soi peut stimuler diverses zones du système nerveux central dont entre autre les zones auditives, motrices, vestibulaires et émotionnelles.

Donc, la masse de ces informations s'encode d'autant plus en mémoire (implicite) quelle est intimement liée à une émotion agréable ou désagréable. La musique, étant une intervention essentiellement sensorielle, a un pouvoir d'impact important sur le comportement et les apprentissages, d'autant plus qu'elle génère des émotions significatives pour celui qui l'écoute et l'exécute.

Donc le son émis ou entendu par le patient en cours de thérapie stimule le cortex auditif primaire tout en évoquant une émotion qui s'inscrit en mémoire et permet divers apprentissages.

  • Humaniste ou phénoménologique

Par conséquent, si nous nous situons dans une vision humaniste, la base de la psychothérapie est la rencontre entre le patient et le thérapeute, la thérapie est donc fondamentalement relationnelle.

Pour moi, le comportement est déterminé principalement par l'expérience perceptive actuelle du patient. Le respect du libre choix de la personne apparaît comme un élément essentiel.

De façon plus ou moins consciente, le patient choisira un instrument qui correspond à son ressenti avec lequel il pourra refléter à son interlocuteur son monde intérieur selon sa perception du moment.

Au début de ma pratique en musicothérapie, je me considérais humaniste sans trop nuancer mes propos. Aujourd'hui, avec l'expérience et les connaissances que j'ai acquises, ma compréhension est meilleure et mon discours plus approfondi. J'adopte cette approche comme base d'intervention mais la complémentarité des différents types d'intervention n'est que plus riche.

C'est toutefois à la lumière de cette approche que je démontrerai à quel point elle teinte encore ma pratique. Pendant quelques années, j'ai accompagné un adulte autistique que je nommerai ici Sylvain.

Sylvain chantait toujours, il pouvait répéter une section de chanson pendant d'interminables minutes en se balançant debout sur place. De prime abord, il paraissait être un candidat idéal pour la musicothérapie pour rapidement me rendre compte que le chant et les balancements étaient sa façon de se couper du monde extérieur. Il n'acceptait pas que je chante avec lui ou que je l'accompagne musicalement avec aucun instrument car il pouvait rapidement se mettre à s'auto mutiler.

C'est par son intérêt pour la manipulation de grelots, dans un silence presque total, que la relation a débuté. De lui-même, Sylvain exerçait un très léger mouvement avec les grelots, allant chercher un son à peine perceptible à l'oreille. Tranquillement, par imitation, la relation s'est bâtie. Prenant conscience de la réciprocité et du pouvoir qu'il exerçait sur la relation, il s'est mis à jouer avec les nuances allant du très, très doux vers un son plus audible et plus rythmé.

En considérant la valeur des approches suivantes, voici ce que la musicothérapie peut offrir dans un cas comme celui-ci en tenant compte de ces différents points de vue, tout en rendant prioritaire une démarche de type phénoménologique.

D'abord, un point de vue neurologique offre la dimension non négligeable d'un déficit d'intégration sensorielle du patient au niveau auditif. De son côté, le regard psycho-dynamique décrit le comportement comme un mécanisme de défense pour protéger un moi morcelé et lui permettre de demeurer dans sa zone de confort.

Les constructivistes pourront y voir les processus d'assimilation et d'accommodation du nouveau médium expressif (les grelots) comme outil relationnel.

De plus, l'approche cognitivo-comportementale amène à considérer l'aménagement d'un environnement structuré pour diminuer les comportements contraignants.

Néanmoins, sous le spectre phénoménologique, un ressenti partagé a été la base de l'intervention thérapeutique. Lorsqu'on fait face à une personne qui est non verbale, l'instinct qui repose sur un ressenti significatif devient essentiel dans l'intervention. Lorsqu'un client nous amène dans un dialogue presque imperceptible à l'oreille, la qualité de l'écoute ne peut être que quintuplée et par le fait même, donner à la relation une dimension d'intimité beaucoup plus riche.

On ne chuchote pas un secret à n'importe qui...

Cet exemple démontre à quel point le libre choix est fondamental dans la relation thérapeutique et que c'est à partir d'un filet sonore que nous pouvons greffer la communication sonore dans un mode expressif et réceptif.

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