Avons-nous le choix entre un exercice médical humaniste et une  organisation industrielle des soins ? Au cours d’une réunion  scientifique de recherche consacrée à l’électrosomatogramme, le  Professeur J.R, ancien responsable du projet “un homme sur la lune” à la  NASA, puis “un homme sur Mars” devait me confier entre deux séjours,  “en France la médecine c’est la cata(strophe) !”
 
 Lui ayant demandé de préciser sa pensée, il devait me répondre : “les  médecins ne sont plus formés à examiner leurs patients, qu’ils  n’écoutent pas. Ils s’empressent de demander une foule d’examens qu’ils  ne sont pas capables d’interpréter, pour prescrire une foule de produits  souvent iatrogènes.”
 
 Sans adhérer intégralement à cette façon de penser, il est bon de  s’interroger sur les causes de cette situation. Cela revient à poser la  question : Avons-nous le choix entre un exercice médical humaniste et  une organisation industrielle des soins ?
 
 Le citoyen a-t-il son mot à dire face à  une politique de santé, et sa  préférence pour une médecine différente de ce qui nous est imposé par  une administration par trop intellectuelle ? Cette situation dépasse le  cadre de la santé, elle est le reflet d’une société elle-même en dérive.  On ne supporte pas les difformités corporelles, les bruits et les  odeurs du corps, bref, l’intellect a horreur de la chair quoi qu’il en  dise.
 
 Le souhait de chacun est de pouvoir pleinement jouir de la vie c’est pourquoi être en bonne santé, nous préoccupe tous.
 
 La jouissance de vivre, c’est ressentir un immense plaisir de bien être dans sa peau, au travers d’un effort personnel.
 
 Vous me direz que c’est un art. C’est non seulement un art mais la  résultante d’un immense effort effectué. L’effort fut-il réel ou  imaginaire ? Peu importe ! Ce qui compte c’est de parvenir à cet état.
 
 Quel est l’art du médecin ? Il est celui qui a cette capacité de part  “ses deux seins” de veiller, d’organiser, de réaliser, sur les sujets  une qualité de santé optimale. On les dénomme en général patients car  ils sont bien obligés de l’être malgré eux. Certes, car ils attendent   surtout la bienveillance, une écoute empathique. Le thérapeute a  l’obligation d’exercer son art dans un système de soins par les moyens  les plus simples et les plus efficaces. Afin de rester dans l’équilibre,  qui va lui donner et à son patient, une harmonisation totale d’entente.  L’art du médecin signifie tout simplement qu’il doit donner  l’intégralité de lui-même non seulement au travers de l’écoute mais  aussi dans l’observation rigoureuse de son patient qu’il s’agisse de sa  démarche physique, et de son vécu quotidien.
 
 Or tout ce qui est industriel, tout ce qui est mécanique, standardisé,  tout ce qui est méthodologie protocolaire n’engendre qu’un contact  froid, déshumanisé, aseptisé.
 
 A ce contact réfrigérant, le quémandeur se décourage, le malade  s’effraie, il s’insurge ne pouvant pas faire confiance et se résigner à  subir un système industriel déshumanisé. Gardons le pour les cas les  plus critiques, les plus urgents pour lesquels le temps de réflexion et  d’écoute manque, pour ceux qui ont besoin dans l’urgence, d’une démarche  méthodique quasi immédiate.
 
 Il ne faut jamais renier les découvertes et les avancées scientifiques  actuelles mais à la condition de les intégrer dans une démarche d’écoute  thérapeutique harmonieuse des sujets qui n’élimine ni les facteurs    psychologiques humains, car l’écoute attentive et l’observation  vont  permettre une adaptation spécifique à chacun des cas, ni les solutions  anciennes ou innovantes respectueuses du sujet car non iatrogéniques.
 
 Il s’agit d’une adaptation régulière au travers de l’apport de chacun  car le malade va apporter au thérapeute sa confiance et donc une matière  de traitement. Cela représente 50% du chemin thérapeutique. Il dépend  uniquement de la qualité de la relation installée entre le thérapeute et  son visiteur.
 
 Hier cet apprentissage, en quelque sorte artistique était une  transmission lente en vue de cet échange permanent. Cet ainsi que l’on  apprenait qu’une bonne application de graines d’orge chauffées peut être  plus efficace que toutes les médications anti-inflammatoires  ingurgitées, mal dosées.
 
 Vous allez peut être me critiquer si j’utilise des moyens qu’on appelait  de “bonnes femmes” ; le grand mot est lâché, la “médecine de bonnes  femmes” ! Je vous retiens sur ce point, car vous pensez toujours aux  recettes reçues de nos grands-mères, des vieilles femmes qui nous  badigeonnaient dans l’enfance de teinture d’arnica après les  traumatismes ou qui plaçaient des ventouses sur le dos du grand père  quand il prenait  froid  et débutait une pneumopathie. Je pense, qu’il  s’agit de recettes fameuses qui ont toujours aidé l’humanité à moindre  frais, à moindre conséquences négatives, à moindre effets secondaires.
 
 L’expression, “bonnes femmes” vient du latin. Elle comporte la bonté, le  bien famé, donc de bonne renommée alors pourquoi s’en gausser ?  Pourquoi ne pas les utiliser ? Pourquoi ne pas prendre appui sur ces  moyens simples qui vont éviter bon nombre d’intoxications, d’effets  secondaires iatrogènes, déterminés par les médicaments or on nous  rabache il n’y en a guère car on les passe sous silence.
 
 Heureusement pour nous, mais sachant quand même que l’on dénombre douze à  seize mille morts chaque année suite à de médications intempestives.  C’est bien maigre, et secondaire me direz vous mais c’est quand même  bien lourd pour ceux qui les subissent ou pour leurs familles.
 
 C’est ce qui m’interdit de me complaire dans ce genre d’exercice  professionnel car lorsque qu’un patient trépasse suite à ces médications  intempestives et arbitrairement protocolaires c’est votre honneur qui  trépasse !
 
 L’échec traduit le trépas de la mission que l’on s’est donnée. Je ne  décris pas non plus outre les décès, les inconvénients graves dus aux  médications industrielles. Ainsi par exemple, les grandes croisades  contre les excès de cholestérol utilisant des produits à base de fluor,  constituant en fait des chimiothérapies. Quand on obtient les formules  de chimie organique de ces produits c’est une évidence. Dans les années  qui suivent  on observe une augmentation significative des tumeurs et  des hémopathies. Ces décès sont en nombre  de plus en plus supérieur à  nos désirs et nous faisons avec dans nombre de situations semblables,  car nous sommes devenus comme des assistés attendant leurs nourrices.
 
 Essayons de prendre le plaisir de la vie, de l’échange, de l’aide au   travers de l’écoute et de l’observation. Or nous savons qu’un grand  nombre de cas sont dus à des carences d’hygiène, d’alimentation, à des  carences affectives, à des carences d’une démarche routinière. J’avoue  avoir été moi-même, atteint par cette attitude de carence routinière.  Certes ce n’est pas le plus bel exemple mais c’est la plus belle  démonstration d’une démarche erronée.
 
 Quant à l’utilisation inquisitoriale d’un pouvoir erroné envers les  malades, les derniers médecins encore dignes de ce nom, auraient  beaucoup à dire car désormais les meilleurs sont sujets à la vendicte  occulte ou non des plus misérables. Cela donne une idée de l’évolution  de la société en général dans un monde de plus en plus déshumanisé,  répressif et bureaucratique.
 
 
 Permettez moi de vous poser une question fondamentale :
 Que devient la relation médecin malade avec les protocoles thérapeutiques ?
 
 Faut il faire chorus avec le Professeur Lucien Israël quand il déclare  “En médecine, le protocole préétabli est le summum de la médiocrité” ?
 
 Le protocole, que cette interrogation met en évidence, est un moyen  d’unifier communément un ensemble de malades selon un type de maladie  donné. Or ce genre de pratique oublie la particularité individuelle de  chacun ce qui est à l’opposé de tout humanisme hippocratique.
 
 On oublie sa façon de vivre, son mode de penser, ses habitudes  alimentaires, etc. L’omission de ces différentes démarches et  particularités va conduire au fait que les différents protocoles  engendrent non seulement des échecs thérapeutiques mais également des  résistances physiologiques donc de biochimie cellulaire et des effets  imprévus favorisants des réactions secondaires délétères.
 
 Tous les homéopathes connaissent et recherchent les modalités  comportementales d’aggravation ou d’amélioration car le malade présente  des caractéristiques qui constituent la résultante de sa vie, de sa  manière d’être, d’avoir été.
 
 Doit-on considérer que chacun vit comme un clone parfait identique à   son voisin, suit la même démarche, s’alimente comme lui, se lève de la  même manière à la même heure, alors qu’il ne marche pas d’une façon  identique, ne se tient pas dans la société de la même façon que les  autres ? Toute démarche thérapeutique doit, devrait être adaptée à ces  différents paramètres par exemple les réactions au chaud ou froid, aux  divers climats, aux habitudes alimentaires familiales, ethniques, etc.
 
 Peut-on considérer le fait que chacun a conscience d’exister  collectivement comme les fourmis ou les abeilles selon un numéro de  matricule ou de vivre individuellement ?
 
 Vivre collectivement  voudrait dire que chacun est identique à l’autre,  que chacun a les mêmes façons de faire, suit les mêmes aspirations, a  subi les mêmes traumatismes ou évènements du moins qu’il a intégré les  mêmes enseignements.
 
 Est-ce raisonnable de demeurer dans une telle façon de penser primaire  abstraite, dans une telle démarche qui ignore le sujet, l’humain ! Cela  relève de la schizophrénie !
 
 Le rêve d’un ancien directeur de CHR très autoritaire devenu inspecteur à  l’IGAS (inspection générale de la santé) était de voir la physique  mettre au point un grand ordinateur capable d’effectuer les  diagnostiques et de prescrire les thérapeutiques sans l’intervention des  médecins qu’il considérait comme des trublions ; dans le même ordre de  pensée, un technicien aussi valeureux soit-il n’est pas un médecin.
 
 Si on raisonne en “masse”, cette manière intellectuelle théorique est  évidement excellente pour les statistiques. Mais si on raisonne au  niveau de la personne, de “l’individu” cette démarche ne peut pas avoir  lieu, n’a pas lieu d’être, car elle engendre de multiples résistances.
 
 Le mode protocolaire est un mode opératoire qui, s’il respecte une  méthodologie, ne respecte nullement, aucunement la nature animale,  physiologique, organique du sujet. Comme vous le savez, chacun a son  propre patrimoine génétique, son propre patrimoine d’acides nucléaires,  chacun possède sa propre composition sanguine, sa typologie HLA, sa  façon de défendre son unité immunitaire.
 
 Le système digestif est particulier à chaque personne. Vivre  collectivement, voudrait dire que chacun est identique à l’autre, que  chacun à la même façon de concevoir la vie, d’avoir eu la même  éducation, nous voilà dans un temple politique particulier qui a fait  des ravages et qui continue à en faire dans nos pensées collectives.  Nous sommes en plein intégrisme, une forme de communisme réducteur !
 
 La démarche protocolaire, devient non seulement irrespectueuse mais  source d’un affaiblissement organique protéinique voire génétique ! Elle  conduit à la dégénérescence de l’espèce en plus des effets particuliers  observés sur les patients.
 
 Alors pourquoi s’étonner, de comptabiliser de plus en plus de mutations,  entendez sous ce terme des mutations qui entraînent des tumeurs, des  métabolismes déviants, des désordres physiologiques immunitaires qui  apparaissent, au cours des années ? En observant les différentes  générations successives on constate non seulement l’apparition de  problèmes hormonaux, des maladies osseuses, mais aussi de plus en plus  de problèmes de stérilité, d’infertilité.
 
 Combien de couples viennent se plaindre de ne plus retrouver la recette  d’avoir des bébés et qui dans ces conditions, vont avoir l’obligation de  se tourner vers des procréations médicales assistées ? On remarque que  ces méthodologies suivent des protocoles stricts, forts agressifs pour  les glandes endocrines et les systèmes immunitaires bien que le taux de  réussite ne dépasse pas 17% en France. On observe que si les naissances  sont heureuses dans un premier temps, elles apportent un grand nombre de  désagréments génétiques importants par la suite que l’on appelle  “maladies d’empreintes *». J’ai moi-même observé l’apparition secondaire  de sarcomes ou d’épithéliomas après ces inondations hormonales   assistées ou d’autres affections mais la relation n’est jamais effectuée  avec la fécondation artificielle. On ne réfléchit pas aux conséquences  des traumatismes que subissent les gamètes : agression du froid, des  bactéries du froid, agressions mécaniques mais également sur les  conséquences psychiques des fécondations imposées sur des organismes  rejetant pour un temps le fait d’être mères. Tous les psychologues et  les psychanalystes ont observé les effets délétères de ces comportements  invasifs de style militaire.
 
 Vous voyez bien qu’outre les pollutions connues répertoriées s’ajoutent  et se surajoutent sur nos corps des conséquences désagréables non  seulement diagnostic mais également   thérapeutiques tout à fait   protocolaires.
 
 Comment pensez vous pouvoir soigner un problème d’une glande hépatique  inversée alors qu’en général on pense trouver la glande hépatique au  même endroit ? Comment pensez vous soigner un organe cardio-vasculaire  légèrement ou littéralement décalé ? La réponse est toujours la même :  On fait comme s’il était à sa place ! Par expérience je peux vous  confirmer que cette démarche est fausse parce que le sujet ne va pas  réagir de la même façon. Pourquoi ne pas effectuer la relation entre  cette habitude d’établir des protocoles de soins et les quelques  dizaines de milliers de décès d’origine iatrogène chaque année et les  centaines de milliers de journées d’hospitalisations secondaires aux  erreurs médicamenteuses ? Après six mois d’utilisation répétitive  d’anti-dépresseurs, les dégénérescences neuronales sont souvent  irrécupérables alors que l’utilisation de la musicothérapie, des  pulsions magnétiques et d’entretiens psychologiques viennent à bout des  états dépressifs dans la majorité des cas. Certes il s’agit de  thérapeutiques qui nécessitent beaucoup plus d’attention et de temps,  donc d’implication et de compétence du médecin.
 
 Nous ne devrions pas à notre époque avoir ce genre de problème à traiter  pas plus que les ennuis nosocomiaux qui apportent des effets aussi  négatifs que douloureux.
 
 Vous voyez chers amis, que les médecins de notre espèce constituent une  race de soignants aujourd’hui en voie de disparition alors que part  notre expérience clinique et nos observations nous avons compris ou du  moins tenter d’entrevoir un petit bout de la vie.
 
 Chaque jour, les revues nous annoncent la disparition de nombreuses  espèces animales, des mutations ça et là de plus en plus irréversibles.  Nous n’avons donc pas  la spécificité en ce domaine d’être oubliés ou  inconnus de tous ces organismes animés d’excellentes bonnes  intentions.  Les vieux cliniciens sont donc condamnés à disparaître. Dans quelques  dizaines d’années, on se souviendra peut être de notre existence passée,  de nos contestations et peut être cherchera t-on à former des  cliniciens humanistes pour compléter, et faire appliquer des formes de  protocoles plus intelligents et  plus intelligemment appliqués. 
 Bernard HERZOG
 29 09 2010
 
 
 
 Le Pr Bernard Herzog est docteur en médecine. Il fut chef de service du  centre hospitalo-universitaire de Nantes et professeur à la faculté de  médecine de Nantes.
 Il est l’auteur de : Le Transgénique - Les Premiers Signes d’une  catastrophe ; La Vie malgré la mort - Histoires d’ici et de là-bas ; Les  7 Fléaux - Le Péril écologique ; Tourments de l’âme - Maladies du  corps ; Les Dérives de la médecine - Plaidoyer pour une médecine à face  humaine.