De plus, à la fin de l’année 2010, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a rendu un nouvel avis sur ce sujet et tout porte à croire qu’elle a tranché pour un règlement nettement plus permissif.
Pour l’industrie alimentaire, l’irradiation permet une meilleure conservation des denrées périssables. Les rayons qui sont de très haute énergie détruisent les micro-organismes (bactéries, levures, moisissures). Ils ralentissent le mûrissement et inhibent la germination. C’est pratique, quand les aliments voyagent sur des milliers de kilomètres ou quand les conditions d’élevage ou de fabrication laissent à désirer. Mais cette opération de nettoyage appauvrit par la même occasion la qualité nutritionnelle des aliments. Des études indépendantes ont montré que la quantité de vitamines était ainsi réduite après une irradiation.
Le problème devient encore plus grave avec le développement de la présentation sous plastique de nombreux aliments. Plutôt que d’irradier les produits au moment de leur préparation, de nombreux producteurs ont réalisé qu’ils limitaient encore plus les risques de contamination en les irradiant une fois emballés. Or l’ionisation des matériaux plastiques produit des substances toxiques susceptibles de passer dans l’aliment lui-même, notamment des perturbateurs endocriniens. « On déconseille aujourd’hui de chauffer un biberon au micro-ondes dont le niveau d’énergie est faible, alors qu’en est-il de l’irradiation qui utilise un niveau d’énergie élevé à tel point que le même procédé est utilisé de façon industrielle pour déréticuler les plastiques, c’est-à-dire changer leur structure moléculaire », explique Roland Desbordes président du CRIIRAD. De plus, la dose maximum de 10 kilograys (kGy) peut être dépassée dès « qu’une nécessité technologique » l’impose. L’industrie agroalimentaire dispose donc d’une grande marge de manœuvre. Mais, pour le moment, aucune étude n’a été menée pour évaluer les conséquences de l’irradiation des produits sous plastiques. Les autorités de santé en profitent donc pour ne pas prendre position tout en reconnaissant que la question est pertinente ! On attend sans doute que le processus soit généralisé tandis que plusieurs pays ont décidé de s’engager sur cette voie hygiéniste, comme le Mexique, l’Inde et la Chine…
Rester vigilant :
Voici les aliments qui peuvent subir un traitement irradiant en Europe :
· les herbes aromatiques séchées,
· les épices,
· les condiments du type ail, oignon, échalotes,
· les légumes et fruits frais,
· les flocons et germes de céréales,
· les volailles,
· les crevettes congelées…
En France, les produits qui ont été irradiés doivent porter la mention « traité par ionisation » ou « traité par rayonnement ionisant ». Quand il s’agit de vrac, une affiche doit être apposée à côté. Mais en France, les contrôles sont incohérents, très variables… et nettement insuffisants. Le dernier rapport en date réalisé sur ce thème par la DGCCRF date de 2006 et fait état dune centaine de contrôles seulement.