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Le réveil des sens

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Compositeurs & oreille absolue

Violon Stradivarius

Comme nous l'avons dit, les instruments d'époque sont notre première source d'informations sur les diapasons historiques. Les orgues, et les instruments à vent nous donnent de bonnes indications sur les usages en cours. Mais il existe des limitations évidentes à ce système: la trop forte sensibilité aux variations de température des instruments à vent rend les relevés approximatifs. L'orgue (à vent lui aussi!) est plus stable, mais l'existence d'un diapason spécifique à la musique d'église le rend inexploitable pour l'évaluation des diapasons courants...
Pour parfaire nos connaissances en la matière, nous pouvons nous appuyer sur les documents d'époque faisant état de relevés de diapasons. Mais là encore, subsiste un doute quant à la fiabilité des moyens de mesure.
Alors peut-on finalement trouver une référence incontournable qui pourrait justifier l'emploi d'un diapason plus qu'un autre, dans un contexte où semble régner le hasard le plus complet ? N'existe-t-il pas un étalon fiable qui aurait traversé le temps indemne, reconnu et incontesté par tous les musiciens ? La réponse a peut-être été donnée par Félix Savart, physicien français au 19ème siècle. Savart a conduit de nombreuses expériences sur les violons Stradivari. Il a, entre autres, démontré que Stradivarius avait fabriqué ses violons en prenant soin de leur donner une fréquence de résonance précise de 512hz. Sachant que jusqu'au 18ème siècle on ne s'accordait pas sur un LA mais sur un DO ou un FA, on peut envisager que 512hz correspond à l'une de ces deux notes. Si l'on calcule la hauteur du LA en se basant sur un DO 512hz, on obtient:

Par succession de quintes pures ramenées dans une octave: un LA à 432hz, le diapason Verdi.

En tempérament égal usuel: un LA à 430,55hz.

En tempérament égal à quintes justes (Cordier): Un LA à 430,33hz.

Stradivarius fabriquait donc ces violons en prenant soin de leur donner une fréquence de résonance particulière, une fréquence fixe et identique sur tous ses violons. Cela ne veut pas dire qu'ils sont accordés à 430hz, mais qu'ils présentent une affinité particulière avec le diapason 430-432hz. Il est d'ailleurs étrange que malgré cet état de fait, personne ne joue la musique baroque italienne à 430hz!

Diapason Verdi

Après la normalisation du diapason français en 1859, à 435hz, il subsistait en Europe de très nombreux diapasons, dont beaucoup étaient supérieurs à 450hz. La normalisation européenne puis mondiale ne s'est faite qu'au 20ème siècle. Mais sous l'impulsion de la France, chaque pays européen s'est mis à réfléchir à une stabilisation de son diapason national. La Belgique a par exemple choisi une valeur haute à 453hz. A l'inverse, la péninsule italienne, sous l'impulsion de Verdi a adopté un diapason de 432hz. Verdi a appuyé sa demande sur les travaux ou recommandations de scientifiques comme Sauveur, Savart... L'argumentation choisie était simple: la valeur de 512hz pour le DO permettait d'avoir un étalon rationnel. Mais la rationalisation du diapason est loin d'être une préoccupation des musiciens, et c'est peut-être cette recherche d'une caution mathématique qui a empêché la généralisation de ce diapason. Il aurait probablement été plus judicieux de mettre en avant la véritable relation existante (démontrée par Savart) avec les Stradivari, les plus fameux instruments de musique qu'un luthier ait conçus.
On peut en plus s'interroger sur le choix du calcul du LA par rapport à ce fameux DO 512hz. La méthode de l'empilement des quintes ramenées dans l'octave comme pour les tempéraments historiques, était pour le moins délaissée à l'époque de Verdi au profit du tempérament égal... Cette dernière réflexion n'a pas pour objet de relancer la querelle sur les tempéraments, mais de montrer encore une fois le caractère subjectif du choix d'un diapason.

Diapason et oreille absolue

L'oreille absolue est la capacité de déterminer les sons par leurs fréquences propres sans avoir besoin d'autre référence sonore. C'est un peu comme si un alpiniste pouvait dire les yeux bandés à quelle altitude il se trouve.
A l'inverse, l'oreille relative nécessite une référence pour identifier une hauteur. Concrètement, à l'écoute des deux notes DO FA#:

Un musicien n'ayant que l'oreille absolue entendra la note DO et la note FA# puis il en déduira que l'intervalle entre ces deux notes est une quarte augmentée.

Un musicien n'ayant que l'oreille relative entendra et identifiera directement une quarte augmentée. La hauteur intrinsèque des notes n'est pas prise en compte dans son analyse.

C'est aussi l'oreille relative qui donne la capacité au musicien d'entendre la justesse avec parfois une précision de quelques centièmes de demi-ton. A l'inverse, l'oreille absolue est totalement incapable de détecter les micro-intervalles. Une bonne oreille relative est une nécessité pour un musicien. Posséder l'oreille absolue est un plus.
Dans les années 1970, les premiers enregistrements sur instruments anciens sont sortis. Il n'était pas rare à cette époque de voir des musiciens se tordre de malaise à l'écoute d'un enregistrement à 430hz. C'était là la conséquence de décennies de diapason unique qui ont occulté l'importance de l'oreille relative et restreint l'oreille absolue à l'identification d'une échelle unique. La normalisation du diapason a conduit à dogmatiser l'oreille absolue, alors que paradoxalement elle en réduisait les capacités.
De nos jours, la situation a évolué. Ces mêmes musiciens sont maintenant capables de passer d'un diapason à l'autre sans aucune gêne. Seuls quelques rares musiciens n'ayant pas réussi à s'extirper de ce carcan continuent à conspuer l'utilisation de multiples diapasons.

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