Panique
Emotion repoussée
Expériences connexes
- affolement
- angoisse
- anxiété
- appréhension
- crainte
- effroi
- épouvante
- frayeur
- inquiétude
- insécurité
- peur
- phobie
- terreur
- trac
D'abord, il faut distinguer:
1. la peur panique
2. la crise de panique
3. la panique éprouvée dans une situation de phobie.
Ces expériences sont fondamentalement de même nature. C'est surtout ce qu'il faut faire avec chacune d'elles qui est différent.
Peur panique
Des exemples
1. Mon mari vient de m'apprendre qu'il me quitte. Je suis paniquée!
2. On m'a demandé de prendre la parole et je suis devenu terriblement catastrophe quoi!
Qu'est-ce que la peur panique ?
Comme la peur, la panique est une émotion d'anticipation. Mais dans la panique, contrairement à la peur, le contact avec la réalité dangereuse est coupé. Au lieu de faire face au danger, on imagine des événements et des scénarios catastrophiques. Il n'est alors plus possible de composer adéquatement avec la situation qu'on craint car elle est trop éloignée de la réalité présente. Une imagination ainsi débridée peut mener à un affolement complet en quelques secondes.
Une fois amorcée, la panique s'alimente d'elle-même. La peur originale provoque une série d'anticipations. Celles-ci, à leur tour, génèrent de la peur qui entraîne d'autres anticipations. Ces dernières augmentent la panique, etc...
La panique déclenche différents phénomènes physiques et physiologiques. La respiration est perturbée. Elle est retenue, devient courte et saccadée. Dans d'autres cas, l'énervement conduit à l'hyper-ventilation. L'agitation émotionnelle entraîne aussi l'augmentation du rythme cardiaque, provoquant parfois des palpitations. Ces réactions suscitent divers malaises physiques qui, eux aussi, alimentent la panique, laquelle accentue ces réactions. C'est une spirale d'agitation ascendante.
À quoi sert la peur panique ?
La peur est une émotion nécessaire à la survie: elle nous informe d'un danger potentiel. Elle nous permet ainsi de nous préparer à faire face à ce qui nous menace.
La panique, au contraire, est nuisible. Elle empêche de s'occuper efficacement de l'objet de la peur car elle nous distrait de la situation devant laquelle nous pourrions faire quelque chose pour notre sécurité.
Voyons comment ceci s'applique aux deux exemples ci-haut.
1. L'idée de la séparation fait surgir différentes peurs: solitude, réactions négatives des enfants, organisation matérielle, spectre du vieillissement, etc... Certaines de ces peurs pourraient être traitées immédiatement, de façon à prévenir les problèmes appréhendés. Je peux trouver des façons d'aider les enfants à vivre ce passage, discuter de solutions aux problèmes matériels qui peuvent survenir, etc...
Quand aux anticipations lointaines, ma vie de future vieille dame par exemple, il y a peu de choses que je puisse y faire maintenant. Il m'est impossible de prédire exactement comment je vivrai la solitude une fois la séparation traversée et plusieurs expériences de vie accumulées.
Nous ne pouvons nous servir de la panique comme nous utilisons la peur car elle n'est qu'accumulation de problèmes imaginés, multipliés par des réactions, elles aussi anticipées. Sous l'emprise de la panique nous sommes incapables d'entrevoir une évolution de la situation, des étapes dans un cheminement. De fait, nous ne cherchons pas des solutions, nous ne faisons qu'additionner des problèmes que nous anticipons.
2. Cet exemple donne un aperçu du même phénomène d'anticipation, mais sur une courte période. Au lieu de m'arrêter sur ma peur de mal paraître et de chercher à composer avec cette crainte, j'imagine une série d'événements dramatiques et je m'affole.
Crise de panique
Un exemple
Je suis en réunion et subitement, sans raison apparente, je me sens devenir faible. Des sueurs froides parcourent mon corps, mon cœur bat fort. J'ai l'impression que je vais mourir.
Qu'est-ce que la crise de panique ?
La crise de panique est une crise d'angoisse extrême. On pourrait dire que c'est une soupape à l'angoisse trop longtemps contenue ou contrôlée.
Cet accès d'angoisse survient de façon complètement inattendue et apparemment sans qu'il y ait de déclencheur. Mais en réalité, il y a un élément qui provoque la panique. S'il est difficile à percevoir sur le moment, c'est parce que la réaction physique prend toute la place. Une fois la crise passée toutefois, il est parfois possible de le retracer. L'événement choc peut en fait être très banal d'un point de vue objectif et même peu perceptible. Mais pour nous, il évoque un vécu important. Il peut s'agir d'un mot dans une conversation, l'émergence d'un souvenir, la présence soudaine d'une odeur associée... L'exemple suivant donne un aperçu du lien pouvant exister entre l'événement et la crise de panique.
Un homme est assailli par une crise de panique quelques minutes après avoir été rudoyé par un policier. Plus tard, en tentant de retracer l'origine de sa panique, il établit une relation entre plusieurs événements où, comme cette fois-ci, il a été traité rudement et injustement. Dans le passé, entre autre, des enquêteurs de l'impôt l'ont presque mené à la faillite pour des motifs qui se sont avérés injustifiés... toute son enfance a été vécue sous le sceau de la violence arbitraire d'une mère dure... sa vie maritale est une catastrophe tant il a l'impression de faire abuser de lui. Il a souffert et souffre encore de cela, sans trop porter attention à sa douleur car il a l'impression d'être impuissant envers elle. Toute sa vie il a tenté de tenir le coup en serrant les dents sans être tout à fait conscient de l'impact de chacune de ces expériences et de leur accumulation. Il n'est pas en contact avec combien il n'en peut plus.
Dans une crise de panique, donc, un événement indiscernable sur le champ fait émerger une émotion laquelle déclenche une poussée d'adrénaline. C'est cette poussée d'adrénaline qui met en branle la série de réactions physiologiques par lesquelles on se sent assailli: augmentation du rythme cardiaque, oppression au niveau de la poitrine, chaleurs, sueurs froides, tremblements, frissons, mal de ventre, nausées, gorge serrée, diarrhée, faiblesse... La crise peut durer entre cinq minutes à une heure, mais elle dure en moyenne une vingtaine de minutes.
De telles réactions physiologiques sont affolantes si on ne comprend pas ce qui se passe. Les réactions physiques sont tellement fortes et envahissantes qu'on a l'impression d'être malade ou d'être sur le point de mourir. Souvent le premier réflexe est de consulter un médecin. S'il s'agit réellement d'une crise de panique, le verdict médical sera négatif.
À quoi sert la crise de panique ?
La crise de panique est un signal d'alarme! C'est le signe que mon corps me donne pour indiquer qu'il n'est plus capable de contenir la pression que je lui fais subir en mettant de côté une ou des préoccupations importantes (en particulier celle qui a été éveillée par l'événement déclencheur). Jusqu'ici l'angoisse n'a pas suffi à m'alerter, alors la panique prend la relève.
Comme l'angoisse, la panique est un symptôme. Elle n'est pas le problème mais le signe qu'il y a un problème (tout comme la fièvre n'est pas le problème, mais l'indice que quelque chose ne va pas). Les personnes qui ont tendance à repousser hors de leur champ de conscience les questions qui les préoccupent sont susceptibles de souffrir d'angoisse et de panique. Ce sont des personnes qui, par exemple, banalisent les problèmes de leur vie, se forcent à tolérer une situation inacceptable ou négligent des aspects importants de leur existence.
Le psychisme, comme tout ce qui est vivant, recherche l'équilibre. Aussi, il ne peut tolérer que je mette de côté durant trop longtemps les problèmes qui handicapent mon existence. L'angoisse est un des premiers signes qu'il m'envoie pour me signaler le déséquilibre. Si je ne réponds pas à cet avertissement, l'angoisse augmente. La panique devient alors à la fois une soupape au trop plein d'angoisse et un signal d'alarme plus puissant.
Panique => Phobie
Un exemple
J'ai la phobie des foules. Dès que je gagne ma place dans la salle de concert, j'ai peur d'étouffer et la panique m'assaille.
Comment la panique conduit à la phobie ?
Il arrive parfois que la phobie soit le symptôme qui fait suite à la panique découlant d'une préoccupation importante trop longtemps négligée. Voici comment ça se produit.
Des crises de panique se produisent (comme dans le cas précédent), mais je ne profite pas de l'occasion pour trouver ce qui ne va pas dans ma vie. Je commence alors à avoir peur de fréquenter certains endroits car c'est précisément là que surviennent mes crises de panique.
Par exemple, elles apparaissent lorsque je suis dans un lieu public ou clos comme l'ascenseur ou encore quand je me trouve dans un espace restreint, ou en avion, sur un pont... Rapidement, je développe une "phobie" envers ces endroits.
Pour d'autres, ce ne sont pas des lieux, mais des animaux qui déclenchent la panique. Il s'agit exactement du même phénomène: la vue de ces bêtes réveille l'angoisse qui, en réalité, est liée à la préoccupation occultée.
À quoi sert cette phobie issue de la panique ?
Si on ne connaît pas la fonction générale de l'angoisse, de la panique et de la phobie, on a le réflexe de se protéger en évitant les endroits ou les animaux qui les déclenchent. On croit sincèrement, même si ça semble absurde, que c'est la foule, l'ascenseur, les chiens, les araignées... qui sont la source de ces expériences désagréables.
En fait, le mécanisme d'évitement est si fort chez le phobique qu'il est comme un réflexe et qu'il réussit à transformer la situation. Le problème intérieur est déplacé à l'extérieur de lui. Ce n'est plus vers son conflit intérieur que la personne tourne son regard effrayé, mais vers un danger extérieur illusoire.
C'est évidemment le contraire que le phobique aurait intérêt à faire... Il devrait s'arrêter à ce qui se passe en lui, écouter son cri intérieur. En fait, s'il se rendait aux endroits où il a peur pour vérifier ce qui se passe en lui, il découvrirait ce qui ne va pas dans sa vie.
Dans l'exemple ci-haut, la panique me gagne dès que je suis installé parmi l'assistance. Ce qui se passe c'est que la situation éveille un sentiment ou ramène des images qui me rendent inconfortable. Au lieu de m'attarder à cet inconfort que la situation éveille en moi et au lieu de me demander ce que vient faire cette peur d'étouffer (peur que je sais "irrationnelle"), je m'occupe, en imagination, des événements catastrophiques possibles que je crée de toutes pièces. Je panique, le regard affolé tourné vers l'extérieur, au lieu de me demander à quoi correspond, dans ma vie, cette peur d'étouffer.
Le but d'évitement est ainsi atteint: la personne a complètement perdu contact avec la vraie source de son angoisse. Elle est tout à fait fascinée par une kyrielle de faux dangers qu'elle s'est inventés pour éviter de regarder les vrais problèmes.