Confusion
Pseudo-émotion
La confusion n'est pas une émotion en soi. C'est une pseudo-émotion. En fait, c'est une façon de se représenter l'état dans lequel on se retrouve. Il existe deux sortes de confusion. Elles diffèrent par la façon dont nous nous retrouvons dans cet état. Il est important de les distinguer pour pouvoir les utiliser pour ce qu'elles sont. Vous trouverez ci-dessous la description de ces deux types d'expérience émotive:
Confusion créatrice
Des exemples
1. Je songe sérieusement à changer de travail. Je sais que j'ai fait le tour de mon domaine, mais je n'arrive pas à savoir ce que je veux faire d'autre. J'ai beaucoup d'intérêts mais aucun dans lequel j'ai envie de m'investir complètement. Je nage dans la confusion la plus totale et je crains de ne jamais m'en sortir!
2. Depuis que nous avons décidé de nous marier, je suis tout confus. Pourtant cela me semblait parfaitement clair lorsque nous avons pris la décision. Maintenant, je ne sais plus si c'est une bonne décision.
Qu'est-ce que c'est ?
C'est une étape normale d'une recherche qui n'a pas encore trouvé son aboutissement. On trouve ce type de confusion dans l'apprentissage, l'acquisition de connaissances, la démarche d'évolution personnelle, enfin, dans tout processus de changement. On pourrait comparer cette confusion à celle qu'on aurait devant un casse-tête de quelques centaines de pièces dont on ne connaîtrait pas l'image. Au début, c'est le mystère. Mais l'obscurité fait place graduellement à la lumière, à mesure que certaines parties prennent forme.
Il est naturel qu'une recherche de soi comporte une large dose d'incertitude. Comment saurais-je en effet vers quelle sphère d'intérêts me diriger avant d'avoir exploré la question? C'est la peur de l'inconnu qui nous pousse à réclamer la clarté avant que la lumière se fasse.
Le premier exemple est typique d'une démarche générant la confusion de même que de l'insécurité qui y est généralement associée. Le deuxième exemple est de même nature: prendre la décision d'épouser quelqu'un implique une réflexion sur plusieurs dimensions. Si une fois la décision prise, la confusion s'installe, c'est que la décision a été précipitée: elle a été prise avant d'avoir fait suffisamment le tour de la question.
À quoi ça sert ?
La confusion créatrice est le signe que nous sommes "en recherche". Elle n'indique pas si la recherche est active ou si elle stagne. Elle témoigne seulement du fait que nous ne sommes pas encore allés au bout de la question que nous explorons.
Confusion d’évitement
Des exemples
1. On me pose une question. Je m'efforce de répondre, même si cela ne me convient pas. Et je deviens immédiatement confus! Je dis alors à mon interlocuteur que je suis incapable de lui répondre, car je nage dans la confusion.
2. Je tente d'identifier ce que je vis en ce moment, mais j'ai peur de ce que je pourrais découvrir. Je me retrouve tout à coup dans la confusion le plus totale. Les sentiments, les idées, les sensations et les réactions apparaissent pêle-mêle dans mon esprit, . Je ne sais plus où j'en suis. J'en conclus que je suis incapable de savoir ce qui se passe en moi actuellement.
3. Je suis devant un groupe de personnes, c'est à mon tour de prendre la parole. Un grand malaise m'envahit soudain. Mes idées deviennent confuses, à tel point que je ne sais plus très bien ce que j'ai à dire.
Qu'est-ce que c'est ?
Ce type de confusion est le trouble que produisent deux mouvements contraires qui s'exercent simultanément dans l'expérience présente. D'une part, il y a ma volonté réelle et d'autre part, mon effort pour la contrecarrer. Le résultat: de la confusion.
Les deux premiers exemples illustrent clairement l'action de ces forces opposées. Je tente de faire quelque chose (répondre à la question, identifier ce qui m'habite) malgré ma réticence (non disponibilité, craintes, objections). Ma volonté d'agir est moins forte que mes objections réelles, mais je n'en tiens pas compte. La confusion s'installe donc pour m'empêcher de mener mon action à terme.
Le troisième exemple est similaire, mais plus complexe. Déjà, le malaise qui m'habite est le signe que je cherche à camoufler ce qui se produit en moi. Il se pourrait, par exemple, que je sois intimidé à l'idée de prendre la parole devant ce groupe et que je ne veuille surtout pas que cela paraisse. Je m'efforce donc d'avoir l'air naturel tout en cherchant à rassembler mes idées. Mon attention est alors dispersée entre l'application que je mets à camoufler mon malaise et l'effort de concentration que je consacre à repérer mes idées. Je deviens confuse.
À quoi ça sert ?
Ce type de confusion est une manière indirecte de dire non sans l'assumer ouvertement. Si on ne s'avoue pas sa réticence, on n'est certes pas disposé à l'affirmer, donc à l'assumer. Cependant, même s'il est possible de s'illusionner soi-même, on ne parvient pas à berner l'organisme. Dans le cas où on s'abstient volontairement de tenir compte de notre vécu réel, ce dernier nous le rappelle: par exemple, la confusion apparaît et nous oblige à le faire.
La confusion nous force donc à nous respecter sans avoir à nous affirmer. C'est elle qu'on accusera de nous empêcher de répondre, d'identifier ce qui nous habite, de rassembler nos idées ou encore de pouvoir décider. On la rendra responsable au lieu d'avouer qu'on ne veut pas répondre, au lieu d'explorer la peur de jeter un regard en soi, au lieu de faire de la place à sa gêne de parler en public, comme dans les exemples ci-haut.