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Le réveil des sens

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Capteurs sensoriels (2)

Perception, lecture du Monde

Nos yeux ne sont pas simplement une fenêtre transparente sur le monde. Voir, c’est être sensible aux informations venues du monde extérieur, mais c’est aussi les sélectionner, les organiser et les interpréter en fonction de nos schémas mentaux. Une perception qui peut être décrite en trois étapes majeures.

Imaginez cette petite scène suivante se déroulant dans un laboratoire de psychologie. Un psychologue demande à une personne présente : 
« Que voyez-vous sur la table ? 
– Un livre.
– Oui, naturellement, c’est un livre, mais que voyez-vous en réalité ? 
– Que voulez-vous dire par là ? Je viens de vous dire que je vois un livre, un petit livre rouge avec une couverture rouge. »
 
Le psychologue insiste : 
« Quelle est votre perception réellement ? Je vous demande de la décrire avec la plus grande précision possible. 
– Vous voulez dire que ce n’est pas un livre ? De quoi s’agit-il ? D’un piège ? 
(La personne commence à s’impatienter).
– Oui, c’est un livre, il n’y a pas de piège. Ce que je veux, c’est que vous me décriviez ce que vous observez exactement, ni plus, ni moins. » 
Le visiteur devient très méfiant. 
« Eh bien, dit-il, de l’endroit où je me trouve, la couverture du livre ressemble à un parallélogramme rouge foncé. » 
Cette scène a été imaginée par le psychologue George Miller, l’un des pères de la psychologie cognitive (Psychology, the Science of Mental Life, 1962, cité par Manuel Jimenez, La Psychologie de la perception, Flammarion, 1997). Cette petite histoire est destinée à nous montrer comment fonctionne l’acte de perception. Spontanément, on croit voir un livre simplement en regardant sur la table. En réalité, l’on perçoit un rectangle rouge sur un fond gris, mais on sait qu’il s’agit d’un livre. À la perception se superpose une interprétation des données visuelles. Dans l’acte de perception, la connaissance se mêle donc à la pure sensation. 

Trois étapes : sensorielle, perceptive et cognitive

La perception ne se résume donc pas à la simple réception de données venues du réel, comme si nos yeux étaient une fenêtre ouverte sur le monde et le cerveau un observateur passif du spectacle du monde. Les informations en provenance du monde extérieur sont sélectionnées, décodées, interprétées. La perception est une lecture de la réalité. Cette lecture passe par plusieurs étapes mises au jour par les psychologues de la perception. Trois étapes au moins : sensorielle, perceptive et cognitive. 
• L’étape sensorielle. Prenons un exemple : je regarde le ciel par un soir d’été. De nombreuses étoiles scintillent et se détachent sur un fond noir. Certains des rayons lumineux envoyés par les étoiles vont finir leur course à travers l’immensité de l’espace dans nos yeux. Le fond de l’œil est tapissé de cellules réceptrices qui recueillent les photons de lumière.
Chacun de ces récepteurs est relié par l’intermédiaire des nerfs optiques à des neurones spécialisés dans la vision. Certains sont spécialisés pour l’analyse de la luminosité, d’autres pour les couleurs, d’autres encore pour les mouvements. Si un point lumineux se met à bouger dans le ciel – étoile filante ou avion –, il sera aussitôt détecté par les capteurs du mouvement. 
Cette première phase de la perception est donc une étape sensorielle, qui passe par des récepteurs spécialisés et permet de repérer les caractéristiques du milieu extérieur.
• L’étape perceptive. Survient ensuite une deuxième étape proprement « perceptive ». Bien que les étoiles soient dispersées dans le ciel, sans ordre apparent, le cerveau a tendance à regrouper spontanément les étoiles qui sont proches les unes des autres. Apparaissent ainsi des configurations globales que nous appelons les constellations. Dans toutes les civilisations, les hommes ont perçu dans le ciel ces constellations d’étoiles. Elles ne sont rien d’autre que des configurations visuelles organisées par un cerveau à la recherche de formes globales. Ce traitement perceptif consiste à dépasser les strictes données sensorielles pour les mettre en forme. 
En général, les étoiles sont regroupées entre elles selon une loi de proximité, qui tend à rassembler en un même groupement les étoiles proches les unes des autres. Une autre loi de la perception veut que l’on repère les formes géométriques simples : lignes, cercles, carrés, rectangles. Si de telles figures apparaissent, elles seront immédiatement détectées.
Le repérage de ces formes perceptives a été l’un des thèmes d’étude privilégiés de la psychologie de la forme (Gestaltpsychologie). Les formes nous aident à organiser les données de l’environnement en repérant les distinctions fond/forme, les contours des objets, en déformant ou complétant au besoin les éléments manquants pour redonner aux choses une certaine cohérence.
• L’étape cognitive. La troisième étape est celle de l’interprétation des données. La constellation de la Grande Ourse nous apparaît sous la forme d’une grande casserole céleste ou d’un chariot. Les Anciens, en Occident, l’ont appelée Grande Ourse. C’est en fonction des représentations d’une époque, de ses modèles culturels, que nous allons donner une interprétation à ces formes perceptives. 
Cette étape, purement cognitive, se greffe sur les niveaux précédents de la perception. Elle consiste à attribuer une signification à l’information. La personne qui voyait un livre sur la table ne « voyait » pas un livre, mais simplement un rectangle rouge qu’elle interprétait comme un livre, en fonction de ses connaissances. 
Pour un Martien, ou quelqu’un venu d’une autre civilisation (et qui n’aurait jamais vu de livre), les niveaux sensoriel et perceptif auraient été les mêmes, mais il n’aurait su en déduire (niveau cognitif) les mêmes conclusions.

Extéroception et interception

« L’ennui, avec les humains, c’est qu’ils voient l’univers avec leurs idées plus qu’avec leurs yeux », écrit Boris Cyrulnik. Autrement dit, chez les humains, voir le réel, c’est donc le lire d’une certaine façon. Cette lecture passe par plusieurs dispositifs de traitement de l’information imbriqués. 
Le premier niveau strictement sensoriel de la perception est régi par des capteurs sensoriels qui sont un héritage de notre évolution. Notre vision des couleurs est limitée à un spectre précis. Nous ne voyons ni les rayons ultraviolets ni la lumière infrarouge qui nous entourent (alors que certains insectes ou oiseaux le peuvent) ; de même, la gamme de perceptions sonores est limitée (les ultra- et infrasons existent mais nous ne les percevons pas). Il en va de même pour l’odorat ou le goût. Notre rapport à l’environnement extérieur est donc modelé par la sensibilité de nos capteurs sensoriels. Et ceux-ci diffèrent fortement d’une espèce animale à l’autre. Les êtres humains disposent de plusieurs systèmes perceptifs – vue, ouïe, odorat, goût, toucher – qui participent de « l’extéroception », c’est-à-dire la perception du monde extérieur. Il faut y ajouter la perception interne de notre organisme – appelée « interception » – qui nous permet de ressentir l’état de notre organisme (du mal de dent au plaisir sexuel). À cela s’ajoute la proprioception qui nous renseigne sur la position de notre corps dans l’environnement.
Le filtrage des données de l’environnement est également déterminé par l’attention et la motivation. De nombreuses expériences ont montré que parmi toutes les données saisies par nos sens, seule une partie est traitée au niveau conscient. Un chat qui guette une souris focalise son regard sur sa proie et met en veille toutes les autres informations en provenance de l’environnement. De la même façon, lorsque nous nous concentrons sur une tâche (lire, écouter quelqu’un parler…), d’autres données de l’environnement sont mises en retrait. Voilà pourquoi le son de la musique émise par la radio sort de notre champ de conscience au moment où l’on est plongé dans la lecture.
Notre perception du monde est donc finalisée et orientée en fonction des capacités de nos organes sensoriels mais aussi en fonction de nos centres d’intérêt et de nos connaissances antérieures. Lors d’une marche en forêt, un naturaliste averti ne voit pas la même chose qu’un promeneur du dimanche. S’il peut détecter telle plante rare ou telle trace d’animal, c’est parce que ses « sens sont en éveil » et qu’un long apprentissage l’a rendu sensible à tel ou tel indice de son environnement. 
La perception a donné lieu à de nombreuses théories psychologiques (approche écologique de James Gibson, new look perceptif de Jerome Bruner, théorie cognitive de David Marr) et à de nombreux débats philosophiques (empirisme, phénoménologie, etc.). 
Ces théories se sont toutes inscrites dans le cadre d’un débat traditionnel sur la nature de la connaissance qui oppose les empiristes et les subjectivistes. Ce vieux débat est en passe d’être dépassé par une approche appelée par les philosophes le « réalisme indirect ». Si nous voyons un livre sur la table (et non un cheval ou un encrier), c’est parce qu’en dernier ressort, les données des sens et du monde physique contraignent fortement notre perception. Mais si nous pouvons l’identifier comme un livre, c’est bien parce que nous avons été entourés, dès l’enfance, par des livres.

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